NOS RAYONS

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D'où vient la tradition du sapin de Noël ?

Posté le 17/12/2019 | Par SUPER U
D'où vient la tradition du sapin de Noël ?
Le sapin de Noël trouve ses origines dans les religions païennes qui ont précédé le christianisme. Publié le 1er décembre 2017.

Comme la plupart des symboles de Noël, le sapin trouve ses origines dans les religions païennes qui ont précédé le christianisme. Ce qui n’est guère surprenant, la date de la Nativité du Christ ayant elle-même été choisie de manière à supplanter les fêtes païennes du solstice d’hiver. Dans l’empire romain, la date du 25 décembre – qui correspondait alors au solstice – marquait la fête de la divinité solaire Sol Invictus. Elle était elle-même précédée de la semaine des Saturnales, célébrant Saturne, dieu de l’agriculture pendant laquelle il était d’usage de… s’échanger des cadeaux. Les Romains décoraient aussi pour l’occasion leurs maisons avec des branches de conifères. En Europe du Nord, chez certains peuples germaniques et en Scandinavie, la période était celle de la fête de Yule. Dans la mythologie nordique, c’est le dieu Heimdall qui venait, dans la nuit, visiter chaque foyer humain, et laissait des cadeaux à ceux s’étant bien conduits durant l’année.
Dans toutes ces célébrations, l’usage d’arbres à feuilles persistantes comme éléments de décoration est une constante. Quoi de plus symbolique, au cœur de l’hiver, que des arbres aux épines toujours vertes, pour célébrer le retour de l’allongement des jours et du printemps ? La symbolique de l’arbre comme image de la vie et de la renaissance est du reste aussi répandue qu’ancienne, et n’est d’ailleurs pas étrangère au christianisme. On pense à «l’arbre de vie» du jardin d’Éden, l’expression étant aussi une métaphore répandue pour désigner la croix du Christ. Pourtant, avant de se réapproprier cette tradition, l’Église a longtemps combattu les cultes païens rendus aux arbres. La légende veut ainsi qu’au VIIIe siècle, saint Boniface de Mayence, «apôtre des Germains», ait abattu d’un seul coup de hache un arbre sacré appelé «le chêne de Thor» en présence de nombreux païens, dans l’actuelle région allemande de la Hesse. Ces derniers se seraient aussitôt convertis, constatant que le dieu au marteau n’avait pas immédiatement envoyé la foudre en réponse.

Depuis quand les chrétiens l’ont-ils reprise ?

On attribue une première réappropriation chrétienne de la tradition païenne à Saint Colomban, moine irlandais ayant beaucoup voyagé en Gaule. Un soir de Noël, il aurait emmené quelques religieux du monastère de Luxeuil, fondé par lui au pied des Vosges en 590, au sommet d’une montagne. Là se trouvait un très vieux sapin, objet d’un culte païen. Chez les Celtes, l’épicéa était en effet considéré comme «l’arbre de l’enfantement». Colomban et ses compagnons auraient alors accroché leurs lanternes aux branches de l’arbre, de manière à dessiner une croix lumineuse. Mais cette histoire, dont n’atteste aucun document de l’époque, semble légendaire.
Plus vraisemblablement, on peut dater l’apparition de la tradition du sapin de Noël au XVe siècle, dans les pays germaniques. La toute première mention écrite de cette coutume remonte à 1521, dans un livre de comptes de la ville de Sélestat (Bas-Rhin), appartenant à l’époque au Saint-Empire romain germanique. Ce registre indique cette dépense : «Quatre schillings aux gardes forestiers pour surveiller les mais à partir de la Saint Thomas». On payait donc les garde-forestiers pour empêcher l’abattage sauvage des «mais» (de l’alémanique meyen, «arbres festifs»). Quant à Saint Thomas, il se fêtait alors le 21 décembre. Pour la ville, l’interprétation ne fait aucun doute : «si la ville de Sélestat doit ainsi protéger sa forêt en prévoyant une telle dépense, il est à supposer que le fait de décorer un arbre à cette époque de l’année était relativement courant et faisait partie des coutumes», indique le site Internet de la municipalité.
L’origine de cette coutume vient elle-même de la pratique des «mystères» : dans l’Occident médiéval, il était fréquent de jouer sur le parvis des églises, de scènes de la Bible, dont le récit du jardin d’Éden, notamment à l’occasion des grandes fêtes liturgiques. «Devant la difficulté de trouver un pommier avec ses fruits en plein décembre, on choisit alors un sapin», écrit ainsi le père Émile Hennart, prêtre du diocèse d’Arras, dans un article sur les origines du sapin de Noël publié sur le site de l’Église de France. On décorait aussi ces arbres avec des «oublies», des pâtisseries rondes destinées à rappeler l’hostie.
La ville de Riga, capitale de la Lettonie, revendique elle aussi, très officiellement, la paternité du premier sapin de Noël. Il aurait été installé en 1510, par une guilde de marchands. D’abord destiné à être brûlé pour le solstice, il aurait finalement été préservé, décoré et érigé sur la place du marché de la ville pour célébrer Noël. Aujourd’hui encore, une dalle de pierre en signale l’emplacement.

D’où viennent les décorations ?

Le sapin de Noël tel que nous le connaissons aujourd’hui est probablement le fruit du mélange de l’héritage païen et des mystères chrétiens. «Au début du XVIIe siècle, ces deux traditions semblent s’être confondues, probablement pour des raisons pratiques», estime l’historien américain Greg Dues (1). Mais ce n’est qu’au XIXe siècle que la tradition, dans sa forme actuelle, a réellement franchi les frontières du monde germanique et gagné l’ensemble de l’Europe, notamment par le biais de l’aristocratie. En France, c’est la duchesse d’Orléans et belle-fille du roi Louis-Philippe, Hélène de Mecklembourg-Schwerin, d’origine allemande, qui aurait introduit le sapin de Noël à la cour de France en 1837. Mais ce sont les Alsaciens qui, en émigrant en France après la guerre de 1870, en ont véritablement répandu l’usage dans les foyers français.
En Angleterre, c’est le mari de la reine Victoria, le prince Albert de Saxe-Cobourg Gotha, lui aussi né en Allemagne, qui a importé cette tradition dans les années 1840. Des illustrations de journaux de l’époque représentent ainsi la famille royale devant un arbre de Noël richement décoré. On y aperçoit notamment de très nombreuses bougies. Héritières des lumières du solstice, elles ont aujourd’hui laissé la place à nos guirlandes lumineuses. Petits gâteaux et friandises ont pris la suite des «oublies» médiévales. Au sommet de l’arbre, on retrouve l’étoile de Bethléem dans les mystères, dès le XIVe siècle. Quant aux boules de Noël, elles furent d’abord rouges, rappelant les fruits défendus de l’arbre du jardin d’Éden.
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